Place neuve

Satine parcourait de moins en moins les couloirs de la confrérie, ses confrères ne l'approchaient plus, elle était comme renfermée, secrète et innaccessible. On avait pu l'apercevoir des nuits entières dans la bibliothèque, farfouillant comme une furie ces vieux grimoirs poussièreux, malmenant les livres jaunis et autres parchemins miteux. Un soir, elle en était sortie, échevelée, le dos courbé, les yeux exorbités. Elle qui pouvait être si resplendissante sous cette lune apparaisait telle une sorcière malfaisante. Un livre était calé sous son coude "Primis Tenebris". Elle croisa Exolus qui apparement voulait l'entretenir de quelques doux souvenirs

Laisse moi ! Je n'ai pas le temps

Elle couru vers ses appartements, bousculant Uthéor au passage sans préter la moindre attention à lui. Trois jours et trois nuits passèrent sans qu'on ne la vit sortir de sa tour d'ivoire. Les rideaux étaient tirés, Li-lith, Alucard ou Akasha eurent beau frapper à la porte, Phoenix Orion apporter des coupes de sang les plus odorantes les unes que les autres devant sa chambre, elle n'ouvrait pas.

Trois heure sonnèrent dans le grand hall. Satine se présenta au centre de l'Arbalest, sous le magestueux Olivier. La lune était pourtant claire ce soir là, mais au moment où la caïnite sortit, elle se voila par un grondant nuage. Une pluie fine se mis à tomber, comme celle qui avait accueilli la belle en ces lieux. Depuis, l'expérience avait pris le pas sur l'impertinence et la sagesse sur les sentiments. Elle avait revêtit sa lourde pélerine noire, ses bottes et était coiffée par ses fines dagues en argent. Flamme ne tarda pas a la rejoindre, elle enfourcha sa puissante monture et quitta la cité au triple galot

Un parchemin était placardé à la porte de la salle d'Arme.

"Mes amis,

Je pars à la conquète de moi même. Vous l'aviez remarqué, je ne suis pas tout à fait vampire, pas tout à fait fée, un hybride comme j'aime à les appeler... Je ne suis plus tellement fréquentable ces derniers temps. Lors d' une chasse, j'ai croisé un "être". Un être comme on en avait pas vu depuis longtemps... Une moitié de quelque chose mélangée à la moitié d'une autre. Si laid et si beau à la fois, cruellement attirant et fabuleusement répugnant. Cette créature a plongé son regard dans le mien, et ces yeux... rouges, comme le sang. J'ai passé ces dernières nuits à chercher des indices dans les grimoires que nous possédons. Certains êtres ont mon regard et pas seulement les vampires, les loups et même les humains peuvent avoir ce regard... J'ai trouvé une vieille légende grèque, contant la naissance de trois civilisations, unies par un seul et même lien mais résignées à se détruire pour étendre son territoire et asservir l'autre race. Je ne me targue pas d'être l'un des vestiges de ces races, mais je suis un hybride et peut être qu'un partie de moi est restée intacte comme l'étaient ces anciens... Je dois savoir...

C'est pourquoi je pars pour quelques temps. Celà peut être très court ou très long, tout dépendra des réponses que je trouverai. Je laisse le soin à Exolus de faire perdurer mes idées en ces murs et de prendre les décisions qu'il estime justes.

Pardon de partir comme une voleuse, mais les adieux ne sont pas mon fort. Mon coeur et mon âme reste toute fois en Arbalest, près de vous, avec les miens"

En passant les lourdes portes protégeant la cité, Satine décrocha d'un geste brusque un pendentif rond et opalescent attaché à son cou, elle tendit le bras et l'enroula autour du marteau de la porte. A l'intérieur du médaillon, l'âme de Satine ondulait dans le verre, affichant fiérement qu'elle était désormais la protectrice de la Rose

Echtelion s'arrêta. Le grimoire sur lequel il était plongé depuis trois jours ne l'attirait soudain plus. Quelque chose se passait. Quelque part ... Quelque temps ...

Se détendant, il appela une goule et lui ordonna de se pencher. Il s'avança et ses crocs plongèrent lentement dans la goule, permettant au vampire de s'abreuver lentement de sang chaud. Luttant pour conserver son contrôle, il s'appliqua à n'en prendre que ce qu'il lui fallait. Il laissa la goule exsangue mais vivante, terrassée par ce plaisir impie que prennent ceux qui se font ainsi mordre.

Sentant l'énergie vitale lui arriver en flots bouillonnants, Echtelion s'avança vers sa table de divination. Le sable en était si fin qu'un courant d'air en emporterait chaque once à l'autre bout de la planète si de puissants rituels ne le maintenait pas en place. Se concentrant, Echtelion invoqua mentalement l'image d'Arbalest. Il y inclut tous les détails, les rituels, les protections, les membres de la Corosa... Le sable remua, se contracta puis finalement pris la forme désirée. Un modèle réduit d'Arbalest se dressait sur la table avec toutes les indications voulues.

Immédiatement, il comprit. Satine partait en quête. Ainsi donc elle allait suivre son intuition, découvrir son mystère ? Cette quête risquait de l'amener fort loin, en de bien dangereuses contrées...

Echtelion déploya alors lentement son esprit, et rechercha celui de Satine. Il le trouva alors qu'elle chevauchait de plus en plus loin d'Arbalest.

Douce Satine. Que votre décision soit respectée. Acceptez toutefois ce présent pour vous aider dans votre quête. Ce médaillon a deux effigies magiques. Si vous faites coulez une goutte de votre sang sur sa face dorée, un bouclier invincible vous entourera et vous tiendra protégée jusqu'à la fin de la nuit ou du jour. Il pourra s'activer trois fois avant de perdre son pouvoir. Si vous faites de même sur la face argentée, ou si jamais vous veniez à être en immédiat danger de destruction, le médaillon vous renverrait immédiatement dans votre chambre d'Arbalest. Bonen chance, Satine. Mes voeux vous accompagnent.

La communication fut coupée et Echtelion s'afaissa aussitôt. Les efforts fournis pour le rituel l'avait épuisé. Le sang maculait ses vêtements et son visage mais il s'endormit heureux. Ses serviteurs allaient bien arriver à le remettre dans son cercueil après tout !

Li-lith arriva aux portes d'Arbalest, revenant des bois alentours où il avait chassé le lycan pendant une bonne partie de la nuit. Ces pas s'arrêterent devant les lourdes portes... Arbalest était calme mais il sentait en ces lieux un changement... Son regard fut attiré par un médaillon qui scintillait sous la lune.

il posa ses doigts sur le bijoux et immédiatement ressenti l'aura de Satine... Puis il vu le parchemin cloué sur la porte, et commença à le lire.
A la fin de la lecture, le caïnite avait les poings serrés et la tête basse... Des gouttes de sang perlaient de ses yeux...

*Satine! Chere Satine! Je ne sais si vous pourrez me percevoir... je l'espère... votre départ m' attriste, l' amie que vous êtes va me manquer. Mais si c'est le chemin que vous devez suivre, je ne peux que l'accepter.
Mon coeur et mon âme vous accompagnent dans votre quète...*

Le vampire s'appuya contre les portes, sous l'émotion de la nouvelle et la télépathie, il resta un moment ainsi, reprennant ses esprits et des forces... Ses pensées vers celle qui était à moitié caïnite, à moitié fée...